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Prendre la parole
La créativité est dans chacun d’entre nous mais elle est souvent enfouie, cachée, non exploitée. Pourtant la culture ne devrait pas être l’affaire de quelques-uns mais appartenir à tous, et aussi aux voix d’en bas, à qui on ne demande jamais d’écrire et qui ont rarement accès à l’expression.
Les voix d’en bas, le Théâtre du Copion en fait partie, nous sommes des travailleurs socioculturels précaires dans une troupe de théâtre-action, notre travail est de donner la parole à ceux qui ne l’ont pas, avec la volonté de porter cette parole auprès d’un large public.
La rencontre avec «Droits Devant», collectif contre l’exclusion, est dans la logique de notre démarche. C’est autour de brochures éditées par cette association, relatant des témoignages de personnes ayant vécu des situations d’exclusion que nous avons rencontré les éditions «Travailler le Social» avec l’idée d’un projet commun.: un bouquin écrit par des membres de «Droits Devant» et des jeunes d’un atelier du Théâtre du Copion et une pièce de théâtre, avec comme objectif de donner au livre et au spectacle une diffusion professionnelle. Les bénéfices du livre ainsi qu’ un «droit d’auteurs» après chaque représentation reviennent intégralement à l’association pour l’aider à poursuivre ses actions.
Le Théâtre du Copion a travaillé durant quelques semaines avec ce groupe en les incitant, à partir d’images, à développer leur imaginaire et à écrire. Dix personnes, des hommes et des femmes entre 22 et 65 ans, avec parmi eux un travailleur social, intéressé à dire, lui aussi.
Cela pourrait être vous ou moi, des gens comme tout le monde, qui se sont exprimés par l’écriture, sans contrainte de grammaire et d’orthographe.
Certains ont un passé en écriture mais des textes non édités, ces personnes ont un point commun : elles ont toutes vécu un moment ou un autre de leur existence des situations très difficiles.
Au fil des rencontres, des textes naissent, une lecture en commun suscite la discussion et une proposition d’écriture est faite pour la séance suivante.
Certaines visites à domicile ont permis à ceux moins disponibles et moins mobiles de suivre le projet.
De ces textes écrits lors des ateliers est né un livre édité par « Travailler le social » et les Cahiers Trema mais aussi un spectacle. Il est joué par les comédiens du Théâtre du Copion pour un public qui n’est pas celui habitué aux salles de Théâtre. La diffusion se fait dans les écoles, pour les associations, alors si vous souhaitez en savoir plus, n’hésitez pas à nous contacter, ce sera un plaisir de vous rencontrer.
Le partenariat
Travailler avec des personnes fragilisées, donner la parole à ceux qui ne l’ont pas, porter cette parole auprès d’un public pour qu’elle soit entendue, s’interroger sur les pratiques sociales, voilà la démarche que mènent depuis de nombreuses années le Théâtre du Copion, Droits Devant et Travailler le Social.
Pour ce projet, ces trois partenaires se sont associés:
Droits Devant est un collectif qui lutte contre l’exclusion sociale, pour la défense des droits des chômeurs, minimexés et de tous ceux qui vivent la précarité. Certains participants ont souhaité s’exprimer, parler d’eux à travers l’écriture, être entendus et pris en compte.
Le Théâtre du Copion a animé les ateliers d’écriture où se sont retrouvées des personnes qui se débattent tous les jours dans des situations difficiles. Beaucoup parlent de leur solitude, de la précarité affective et sociale de leur vie. Une partie de ces textes sont à la base du spectacle joué par les comédiens du Théâtre du Copion: «J’m’en fous d’en avoir marre!»; leur parole sera donc portée auprès d’un large public.
Les éditions Travailler le Social, revue trimestrielle spécialisée dans les pratiques du travail social, ont publié l’intégralité des textes écrits lors des ateliers dans le livre «Des mots, une lutte». en collaboration avec les Cahiers Trema (éditions du Théâtre du Copion).
Le spectacle
Le spectacle reprend une partie des textes écrits en atelier.
Des 29 textes du départ, 16 ont été sélectionnés dont au moins un par auteur, certains ont été annexés à d’autres, certains ont été mélangés pour en faire des dialogues. Nous avons souhaité rester le plus fidèle possible à l’écrit, les textes n’ont pas été modifiés sauf pour supprimer des redites.
La sélection a amené à la création de personnages, d’univers propres à chacun.
Tous ces dialogues et monologues traitent avec simplicité de la solitude affective notamment des femmes, les premières à rester sur le carreau par manque d’indépendance économique, du droit au respect et à la vie privée, de l’abrutissement au travail sans réel épanouissement, de l’aspiration à une vie plus heureuse.
17 personnages, cela pourrait être vous ou moi, des intérieurs , des instants de vie:unefemme abandonnée par son mari, une caissière de grand magasin face à son miroir, une dame qui passe son temps à épier ses voisins, des amoureux chômeurs qui ne pourront jamais vivre ensemble, …
Autant de situations traitées avec humour et qui nous parlent de la solitude affective, de la précarité, de l’exclusion.
Quelques extraits de textes
… ils aimeraient se réveiller dans les bras l’un de l’autre. Ils vivront séparés mais relié par leur amour. Pour passer la nuit ensemble, lui s’habillera en femme pour se rendre chez elle et elle s’habillera en homme pour se rendre chez lui, comme ça, on ne pourra les surprendre,. Le système gestapo pourra fouiller leur domicile personnel, pas d’effets du sexe opposé, donc pas de cohabitation …
… moi au menu, j’ai le carton du paquet de frites d’hier, y reste même un peu de mayonnaise, après j’aurai qu’à lécher le cendrier, ça te tente ? On peut partager, j’ai le cœur sur la main… «soyez poli» qu’elle me répond… t’as déjà essayé le ventre vide connasse, la politesse est un privilège des nantis… moi je gueule désolé, j’ai pas d’éducation. Tiens, mais au fait, c’est de la politesse que tu veux ou de la soumission, faudrait pas confondre. «Venez chercher un bon». Oh! merci, trop d’honneur…
… Cette fois, il s’agit de deux inspecteurs de l’ONEM. Que va-t-il se passer? Ils regardent dans la pièce et voient mon copain assis sur le lit avec une tasse de café en main. Son blouson est pendu au portemanteau à côté du mien. Ils me posent certaines questions, à savoir entre autres si je vis seule. Stupide! Comment voulez-vous vivre à deux dans un espace aussi réduit! Je vois leur regard se diriger vers le lavabo …
Fiche technique
Ecriture :Collective à partir de textes réalisés en atelier par : Dominique Debelle, Nelly Francart, Giuseppe
Mise en scène:Marie-Berthe Bornens
Comédiens :Claudine Nyirahabineza, Alba Izzo, Angelo Pitzus
écor/Illustration :Arnold De Spiegeleer
Accessoires:Sylvie Gasteau et Xu
Ampérage :minimum 16 amp&egrav
Durée :1h
Coût du spectacle:840 € (intervention possible des Tournées Art et Vie)
Montage :2 heures
Démontage :1 heure
Local:occultée
Plateau:8 m d’ouverture 6 m de profondeur 3 m de hauteur
Débat :après la représentation, assurée par l’association « Droits Devant ».